Association de sauvegarde du patrimoine saulcéen

A.S.P.S.

André Maurois (1/6) : sa jeunesse

ANDRE MAUROIS (1885-1967) : SA JEUNESSE
Par Dominique Chollet

Emile Salomon Wilhem Herzog, plus connu sous son nom de plume André Maurois, est né à Elbeuf le 26 juillet 1885 au n°1, rue Henry. Issu d’une famille de drapiers juifs alsaciens, il est le fils d’Ernest Herzog et d’Alice Lévy et le petit-fils de Salomon Herzog et Emilie Fraenckel.

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 Maison natale d'André Maurois

Comme d’autres industriels alsaciens, à la suite de la guerre de 1870, les familles Fraenckel et Herzog ont quitté l’Alsace pour rester français. Ils ont transféré leur usine de fabrication de drap de laine avec leurs ouvriers de Bischwiller à Elbeuf.

Emile Herzog est élevé dans un milieu bourgeois plutôt austère. Ernest Herzog, son père, est un grand travailleur pour qui la réussite sociale a une grande importance. Sa mère, femme cultivée, élève leurs trois enfants, Emile et ses deux sœurs, Marguerite et Germaine. Il va donc recevoir une bonne éducation et toutes les valeurs de la bourgeoisie de l’époque : goût pour le travail, sens de l’effort et du devoir.

Il commence sa scolarité au petit Lycée Corneille d’Elbeuf en 1893 à l’âge de huit ans. Sa mère lui avait déjà appris à lire et lui avait fait donner des cours privés. Cet établissement qui comprenait des classes primaires avait été créé en 1892 en partie pour les enfants protestants ou juifs de la colonie alsacienne non admis dans les écoles catholiques. Il se situait rue de la Barrière, l’actuelle rue des Martyrs, proche de la Caisse d’Epargne. Dans ses Mémoires, André Maurois évoque son professeur de mathématiques, Charles Mouchel qui fut maire d’Elbeuf de 1894 à 1911. Une rue de la ville porte son nom.

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André Maurois au Collège d'Elbeuf

En 1898 il poursuit ses études en 3ème au Lycée Corneille de Rouen. Comme il est externe et effectue les trajets en train, il en profite pour réviser et lire les œuvres des grands auteurs étudiés en classe. Elève brillant, il cumule les prix à tous les niveaux de sa scolarité. Cela lui valut quelques jalousies, des railleries marquées d’antisémitisme.

En 1901, il se présente au Concours Général et obtient le 2ème prix de version latine et version grecque et le 2ème accessit d’histoire et géographie.

Il suit en 1901-1902 les cours d’Emile Chartier dit Alain, professeur de philosophie. Il restera profondément marqué par son enseignement tant par ses idées que par son orientation artistique et avec lequel il gardera des liens.

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Lycée Corneille de Rouen (1902) - Classe d’Alain. Au milieu, à gauche d’Alain, André Maurois

Dans ses Mémoires il parle d’Alain en ces termes :
« L’influence de Chartier sur mes goûts littéraires fut aussi puissante que son influence sur mes idées. […] Il me révéla Stendhal et Balzac. Avec Stendhal il avait des affinités nombreuses, professant comme lui l’amour de la liberté, le mépris des « Importants » et le goût vif du naturel. […] j’ai connu peu de meilleurs lecteurs qu’Alain. Il allait au détail des textes et en savourait les pensées ».

Il est reçu avec mention « Très bien » au baccalauréat avec les félicitations du jury et au second baccalauréat avec la même mention en philosophie. Un an plus tard, en 1903, il obtient une licence de philosophie à la Faculté de Caen.

Sur les conseils d’Alain, il met entre parenthèses son attirance pour la carrière littéraire et décide de se confronter au monde du travail en entrant dans l’entreprise familiale pour mieux connaître les hommes avant d’en parler. 

Pour se libérer des obligations militaires il devance l’appel et est incorporé au 74e Régiment d’Infanterie de Rouen.

C’est en 1904 qu’il intègre l’usine familiale à la satisfaction de son père.

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